"Sur le vif"

Harcèlement H24 : l’impact des réseaux

Parler de harcèlement numérique, c’est mettre des mots sur des situations dont nous n’avons pas toujours conscience. « Je trouvais que c’était drôle », disent les auteurs lorsqu’ils sont auditionnés par le juge. Et pourtant, il n’y a pas de quoi en rire.

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Les chiffres énoncés lors de la conférence donnée à la Faculté de Droit à l’occasion de la Nuit du Droit montrent combien ce phénomène est sournois. Le problème majeur est la médiatisation de ce fléau et les proportions que prennent certaines affaires qui sortent des cours d’écoles à travers les réseaux sociaux.

En somme, le harcèlement ne cesse jamais et s’amplifie au fil des commentaires qui sont postés sur TikTok, Snapchat, ou autres réseaux.

1 enfant sur 4 serait victime de harcèlement. Un mot lourd de sens car il signifie détruire / tourmenter / torturer.

Les parents, entre les enfants et la Justice

Le rôle du juge et de l’avocat est en premier lieu de protéger les mineurs fragilisés. « Je ne veux pas aller à l’école parce que j’ai peur », énoncent certaines victimes, comme si leur carapace se fendait d’un coup. Car face à l’enfer que vivent les enfants harcelés au quotidien, les responsabilités sont partagées et souvent complexes à évaluer.

83 % des parents ne vérifient pas l’utilisation que fait leur enfant des réseaux sociaux.

Au fil de la conférence, la responsabilité des parents dans leur rôle éducatif a naturellement été mis en exergue. Tout comme celle des professionnels des établissements scolaires qui ne peuvent pas laisser faire dès lors qu’ils sont informés d’une situation de harcèlement sur un élève – Même en dehors de l’école car c’est le statut de l’enfant en tant qu’élève qui prime.

La question qui demeure : « ferais-tu dans la rue ce que tu fais derrière ton écran ? » NON ! Preuve indéniable qu’une réelle prise de conscience est nécessaire et que l’utilisation du smartphone doit être accompagnée et supervisée.

10 ans, l’âge moyen auquel les enfants ont leur premier smartphone.

Des preuves à garder et savoir demander de l’aide

  • Premiers reflexes à avoir dans le cas d’une suspicion de harcèlement : garder la tête froide, prendre le temps de vérifier les faits et garder les preuves, surtout sur les réseaux car tout va très vite. Les captures d’écran sont une bonne solution.
  • Il convient aussi de faire constater par un médecin le retentissement du harcèlement sur l’enfant victime et de déposer plainte.
  • Signaler les faits à l’établissement scolaire est aussi nécessaire.
  • Faire appel à un avocat ou se tourner vers la Maison de l’avocat qui propose des permanences accessibles gratuitement*.

« Le rôle de l’avocat n’est pas de mettre le feu aux poudres. Il est formé pour répondre aux questions qui se posent sans envenimer la situation, d’autant plus dans un domaine où la loi est en perpétuelle évolution. Tout ce que l’on trouve sur Internet n’est pas ou plus forcément vrai ».

Des outils de signalement existent :

Ce ne sont pas des histoires d’enfants !

Face au harcèlement, ne pas réagir, ou banaliser les faits n’est pas envisageable. L’enfant a besoin d’un adulte référent en qui il va placer sa confiance. Ne pas prendre au sérieux l’histoire qu’il a le courage de livrer et ne rien dire revient à encourager le phénomène. D’où l’importance du mineur témoin qui a, lui aussi, un rôle clé pour faire éclater la vérité, et parfois aider à verbaliser la situation vécue.

Les derniers mots

Autre problématique clairement soulevée lors de la conférence organisée par le Conseil départemental de l’accès au droit de la Haute-Vienne : comment ne pas céder à la demande de son enfant pour avoir un téléphone quand tous ses copains en ont un et comment faire en sorte qu’il le pose une fois rentré à la maison !

Le harcèlement est défini comme étant une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique.
À l’école, elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves qui se fondent sur le rejet de la différence et sur la stigmatisation de certaines caractéristiques d’une personne qui ne peut se défendre (l’apparence physique, le sexe, le handicap, un centre d’intérêt original, etc.).
Ce rapport de force et de domination, ainsi que la régularité des agressions dans le temps, participent à l’isolement de la victime.

https://www.education.gouv.fr/non-au-harcelement/le-harcelement-c-est-quoi-325361

*adressez vos demandes par mail à Ordre@barreau-limoges.fr

Infos sur https://www.avocats-limoges.org/consultations-gratuites.html

Ont participé à la conférence sur le harcèlement numérique donnée lors de la Nuit du Droit mercredi 4 octobre : Mélanie Petit-Delamare, Présidente du Tribunal judiciaire de Limoges - L’adjudante chef Stéphanie Tignol (5) - Commandant la Maison de Protection des Familles de la Haute-Vienne - Maître Nathalie Préguimbeau (4), avocate au Barreau de Limoges - Stéphanie Gasnier (3), Juge des enfants du Tribunal judiciaire de Limoges - Didier Artus (2), Président du Tribunal administratif de Limoges - Modérateur  : Maître Richard Doudet, Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Barreau de Limoges – Synthèse : Hélène Pauliat (1), Professeure agrégée de droit public et directrice de l’Observatoire des mutations institutionnelles et juridiques (OMIJ)

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