"Sur le vif", Culture

Les chorales fédèrent toutes les générations

À Limoges, les chorales se sont développées au fil des années. Elles se produisent dans les paroisses, au Conservatoire, sur le campus, dans les maisons de quartier et dans bien d’autres lieux encore. Chaque semaine, des dizaines d’associations, de structures rassemblent étudiants, retraités, enfants ou encore amateurs passionnés. On y vient pour chanter, mais pas que. Car derrière les harmonies, ces choristes aiment se retrouver et vibrer au même rythme. Le mois de décembre est souvent celui des concerts de Noël. Et si vous veniez les écouter ?

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« C’est toujours un moment particulier, juste avant que les voix ne s’élèvent. Il y a un silence dense, comme si chacun retenait son souffle. Puis les premières notes s’élèvent et les individualités se fondent » raconte Elia Gosse, cheffe de choeur pour l’association Kaléis.
Car une chorale, c’est un lieu où plusieurs individus deviennent un.
À Limoges, les chorales ne sont pas seulement des groupes de musique : ce sont des amitiés qui se créent, des liens qui se tissent.
Et cela commence souvent par une simple envie ou une rencontre au Forum des associations qui amène à pousser la porte d’un lieu où l’on chante ensemble.

Qu’est-ce qu’une chorale ?
 

« Pour moi, une chorale, un choeur, ce sont des personnes qui se réunissent en faisant corps ensemble autour d’une pratique vocale», précise Lynda Bisch, cheffe du Choeur de l’Université. 
Depuis 2019, elle travaille au contact de chanteurs qui viennent pour le plaisir, mais à qui elle propose un travail exigeant. « Amateur, ça ne veut pas dire moins qualitatif ». Elle le répète souvent que la joie et le sérieux peuvent cohabiter.
Dans le quartier de Landouge, la présidente de l’association En Chant Fleuri, Nadine Burguet, a aussi sa propre définition. « Une chorale, c’est un rassemblement de passionnés.
On vient pour la convivialité, l’amitié. C’est aussi simple que ça ».
Au Conservatoire de la Ville, Patrick Malet ajoute une autre nuance.
« Une chorale, c’est la recherche d’une harmonie humaine. On construit une identité collective à partir de voix différentes ».
Pour Jean-Christophe Gauthier, chef de l’Ensemble Madrigal, « quand on chante, c’est nous qui vibrons. Il n’y a pas d’instrument car c’est le corps qui fait tout. C’est comme une pratique artistique proche de l’âme ».
De façon unanime, dans toutes ces chorales, quelque chose dépasse la simple activité. C’est une expérience collective, vibrante, épanouissante.

Un soir de répétition

À l’Université, la séance commence par le corps : étirer, relâcher, respirer. Puis la voix : échauffements, jeux vocaux, rires parfois.
« On chante avec tout son corps. Il faut l’écouter, le préparer », explique Lynda Bisch. Ensuite, elle travaille « petit bout par petit bout ». Une phrase, un saut d’intervalle, une respiration. Ses choristes, amateurs pour la plupart, reçoivent chaque semaine des enregistrements pour travailler à la maison.
Au Conservatoire, la scène prend davantage de place en alliant travail de technicité vocale et expression corporelle. Dès 7 ans, des ensembles vocaux sont proposés pour tous les niveaux.
« On travaille en cohésion pédagogique avec les classes de théâtre et de danse. Un chanteur, c’est se mettre en scène et le vivre en tant qu’acteur », détaille Patrick Malet.
À Landouge, chaque répétition ressemble à des retrouvailles. On se salue chaleureusement, on rigole puis on s’installe avec sa partition de variété française. La cheffe de choeur, Marie-Andrée Laplaud-Gorre, conseille toujours la même astuce, celle de s’échauffer dans sa voiture en chantant avec la radio.
Pour les membres de l’association Kaléis, l’échauffement est tout aussi important.
« On commence par scanner le corps, explique Elia Gosse. On relâche la mâchoire, on dénoue les épaules, on prend conscience de sa posture ».
Puis vient le moment d’unir toutes les voix ensemble afin de former ce collectif qui fait le charme des chorales.

Entre travail personnel et puissance du collectif

Dans toutes les chorales, même les plus conviviales, il y a une règle simple mais importante. Pour avancer ensemble, il faut travailler chez soi.
Au Choeur universitaire, Lynda Bisch l’observe chaque semaine.
« J’envoie en amont des tutoriels pour que chacun puisse répéter chez lui, surtout ceux qui ne savent pas lire la musique », précise-t-elle.
À l’Ensemble Madrigal, les chanteurs sont des “grands amateurs”, autonomes dans leur pratique, que ce soit au niveau vocal ou dans la lecture du solfège.
Mais Jean-Christophe Gauthier aime rappeler qu’« un chef sans choeur, ça n’existe pas. Un choeur sans chef, si ». Car c’est ainsi que fonctionne une chorale, tout se construit ensemble, en cohésion.
Au sein de l’association Kaléis, les jeunes apprennent autant à chanter qu’à vivre l’erreur.
« Il faut se tromper fort, souligne Elia Gosse. Les erreurs, ce n’est pas grave et ça permet de progresser. La voix, c’est un muscle, ça se travaille ».

Dans chaque chorale, on ne chante pas forcément la même chose. Gospel, chants baroques, variétés françaises... Il y en a pour tous les goûts, pour tous les âges.
Le Choeur de l’Université propose chaque année des programmes variés, de beaux projets et des partenariats artistiques (André Manoukian, reprise de My Fair Lady en 2009 ou encore partenariat avec 1001 Notes).
En Chant Fleuri privilégie la variété française et le plaisir de chanter des chansons que tout le monde connaît.
Auprès de l’association Kaléis, chaque choeur travaille un répertoire éclectique.
Ainsi, les plus jeunes chanteront des morceaux plus actuels tandis que le Choeur de chambre se dirigera plus facilement vers des morceaux de musique classique.
L’Ensemble Madrigal, lui, s’aventure vers des créations ambitieuses. 
« En 2021, nous avons donné vie, en collaboration avec le Conservatoire, sur la scène de l’Opéra de Limoges à La Vénitienne de Michel de La Barre, une comédie lyrique du répertoire baroque. Ce fut un challenge intéressant. Suite à ça, nous avons pu mener d’autres projets structurants pour l’Ensemble », se remémore Jean-Christophe Gauthier.

Au final, une chorale est un lieu où amateurs et professionnels apprennent à devenir une seule voix. Chaque répétition, chaque représentation est un moment où l’on oublie sa journée, ses doutes, ses urgences.
C’est un endroit qui rassemble et permet de tisser des liens.
Et peut-être que Lynda Bisch a raison, « chanter ensemble devrait être remboursé par la Sécurité sociale ».

Ce qu’apporte une chorale

Tous sont unanimes : chanter dans une chorale, ça fait du bien ! « Scientifiquement, c’est prouvé : chanter ensemble libère de la sérotonine. C’est l’hormone du bonheur ! » indique Lynda Bisch.
Nadine Burguet le confirme, « une répétition de chorale, c’est mieux qu’une séance de relaxation ».
Et ça permet de construire aussi une confiance nouvelle.
« Beaucoup de jeunes ont commencé timides. Ils se découvrent capables de chanter, de monter sur scène, de se tenir droits sous les projecteurs. C’est un énorme gain d’assurance », assurent Manon Clavaud et Magalie Bex, présidente et secrétaire de l’association Kaléis.
Et puis il y a le lien social où des étudiants côtoient des retraités, des débutants qui chantent aux côtés de musiciens confirmés, des personnes en situation de handicap intégrées dans une chorale dédiée, La Voix du Choeur, au Conservatoire.
C’est indéniable : le chant en chorale rassemble là où d’autres activités peuvent séparer.
 

Informations pratiques :
> Choeur de l’Université
Renseignements : 06 72 91 53 94
serviceculturel@unilim.fr
Répétitions : mardis de 18 h 45 à 20 h 30.
> En chant fleuri
Renseignements : 06 75 83 92 91
Répétitions : jeudis de 20 h 15 à 22 h 15.
> Ensemble Madrigal
Renseignements : 06 88 45 13 89
ensemble.madrigal@gmail.com
Répétitions : mardis de 20 h 30 à 22 h 30.
> Kaléis
Renseignements : 06 23 12 01 22
bonjour@kaleis.org
Répétitions : les week-ends et les vacances scolaires
> Conservatoire à rayonnement régional
Renseignements : 05 55 45 95 50


 

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