Culture

Les énergies de la Terre prennent vie

À Limoges, la céramique est bien plus qu’un patrimoine : c’est une matière vivante, un langage, presque une énergie en soi. Au musée national Adrien-Dubouché, elle constitue même l’ADN des collections.

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Poteries grecques, porcelaines du 18e siècle, pièces Art nouveau ou créations contemporaines : le parcours permanent déroule toute l’histoire de ce matériau universel. Mais chaque exposition temporaire, elle se doit d’ouvrir une fenêtre différente, un regard élargi sur ce que ces objets racontent du monde. C’est précisément l’ambition des Énergies de la Terre, la nouvelle exposition présentée du 12 décembre au 25 mai 2026. Une proposition foisonnante née, selon le directeur du musée Jean-Charles Hameau, d’une conviction simple. « La céramique n’est pas seulement un bel objet décoratif. C’est un médium qui dialogue avec les enjeux de société ».
 

Quand la crise du gaz devient matière à exposition


L’idée a germé en 2022, au moment où la crise du gaz, conséquence directe de la guerre en Ukraine, frappait de plein fouet les industries françaises. La filière porcelaine de Limoges n’y a pas échappé, ses fours fonctionnant majoritairement au gaz.
De là est née une évidence : le sujet de l’énergie ne pouvait qu’entrer en résonance avec les collections du musée. Mais plutôt que de rester au niveau de l’actualité, l’équipe a choisi de remonter à la source. Qu’est-ce que l’énergie ? D’où vient-elle ?
La réponse se trouve dans les sols et dans le ciel avec la chaleur interne de la Terre, héritée de la formation de la planète, et le soleil, moteur de la vie. Deux forces fondamentales à
l’origine de la céramique elle-même. Sans minéraux, pas de matière première. Sans chaleur, pas de cuisson. Sans mouvement, pas de forme.
L’exposition déploie alors un vaste parcours, du coeur brûlant de la Terre jusqu’aux mains des potiers. On y découvre l’énergie biologique des artisans, mais aussi les outils et machines qui ont accompagné leur travail : tours de potier, moulins hydrauliques, mécanismes décrits dans d’anciens traités illustrés.
Plus de 300 pièces venues d’Europe, d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique, jalonnent cette exposition. Sculptures, services de table, spécimens minéralogiques, outils, maquettes, livres
anciens, photographies, extraits documentaires… Une diversité de supports qui fait dialoguer art et sciences. L’objectif n’est pas seulement esthétique, il est aussi profondément
citoyen.
« Tout ce qui nous entoure est lié à l’énergie, rappelle Jean-Charles Hameau. Et cette énergie n’est pas illimitée ».
En montrant comment les objets se fabriquent, circulent, rayonnent et se transmettent, le musée national Adrien-Dubouché invite à une prise de conscience écologique sans
jamais renoncer à la beauté des formes.

Une exposition pour tous

Dès le mois de décembre, plusieurs temps forts rythmeront l’ouverture. Dimanche 14 décembre, un vernissage spécialement conçu pour les enfants donnera le coup d’envoi,
avec des visites contées menées par l’association Passeurs d’Histoire. Une manière d’entrer dans l’exposition par l’imaginaire et par les sensations. Des sacs sensoriels seront mis gratuitement à disposition des tout-petits (2 à 5 ans), tandis que les enfants dès 6 ans pourront suivre un parcours ludique ponctué de jeux autour de sept oeuvres.
Un livret-jeu pour adultes permettra également à chacun d’explorer l’exposition autrement.
Des artistes invités interviendront tout au long de la saison : ateliers, conférences, visites thématiques… L’exposition se veut vivante, ouverte, en mouvement, à l’image des forces
qui l’ont inspirée.

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