Pratique

Lutte contre les perturbateurs endocriniens

En matière de lutte contre les perturbateurs endocriniens (PE), la Ville de Limoges a valeur d’exemple. C’est la première ville de France à agir dès la crèche pour répondre à cet enjeu de santé publique et protéger les populations les plus fragiles.

Un enjeu de santé publique

Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques qui interfèrent avec le système endocrinien et engendrent des dysfonctionnements au niveau de la croissance des fonctions reproductrices, du développement ou encore du comportement de l’être humain. L’état de connaissance fait apparaître une plus grande vulnérabilité des plus jeunes enfants. La lutte contre les PE est identifiée par le gouvernement comme l’une des dix priorités nationales dans le 3e Plan National de Santé Environnement.

Plastiques, conserves, aliments, nappes, tuyaux, jouets, biberons, produits ménagers… les PE sont présents dans de nombreux objets de notre quotidien. La réduction de l’exposition de la population et de l’environnement à ces substances est un réel défi.

La ville de Limoges pionnière

Limoges, « ville santé citoyenne » depuis janvier 2015, décide de s’engager auprès des populations les plus fragiles identifiées, les enfants. Dès 2016, elle souhaite donc agir en priorité sur les 0-5 ans en diminuant la présence des PE au sein des crèches. Impliquée dans la qualité de la santé de ses concitoyens et investie dans le développement durable, la Ville est la première signataire de la charte « Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens » en septembre 2018, aux côtés de douze autres collectivités. Fin 2018, la municipalité reçoit le prix « Territoria d’Or », une récompense venant saluer l’audace et l’innovation de Limoges dans sa démarche. C’est en 2019 que la Ville de Limoges confirme son statut de précurseur en la matière en devenant la première ville de Nouvelle-Aquitaine à intégrer le prestigieux réseau des Villes-Santé de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). 

5 actions phares

Suite à un diagnostic réalisé au sein de l’une des crèches de la Ville de Limoges, cinq actions à mettre en place ont été identifiées.

  • Revoir, tester et réviser les procédures et plans de nettoyage (pratiques de nettoyage, produits détergents, pratiques autour du change)
  • Former le personnel aux nouvelles procédures
  • Privilégier des produits d’hygiène et de détergences labellisés
  • Intégrer des critères de santé environnementale dans les achats publics
  • Limiter le nombre de référence
  • Anticiper la réglementation sur la qualité de l’air intérieur pour rester en conformité
  • Mesurer la qualité de l’air
  • Formaliser les pratiques d’aération et créer des procédures « anti-odeurs » suspectes
  • Sensibiliser le personnel à la question de la qualité de l’air intérieur
  • Limiter les produits suspects
  • Expérimentation et mise en place d’un guide pour « jouer autrement »
  • Utiliser de la vaisselle en porcelaine, inox ou verre
  • Étudier l’introduction des aliments « Bio »

Ces actions font l’objet d’une restitution et sensibilisation auprès des familles (conférences, ateliers...). À ce jour, près de 25 rencontres ont été organisées réunissant au total plus de 500 personnes.

Tester puis généraliser

La Ville de Limoges a commencé par déployer son plan d’actions dans la crèche Joliot-Curie, dupliqué ensuite aux autres crèches et structures municipales accueillant de jeunes enfants :

  • acquisition d’un appareil vapeur limitant l’utilisation de produits chimiques,
  • nouveaux critères inclus dans les marchés publics pour l’achat des couches,
  • équipement des crèches en biberons en verre,
  • formation du personnel des crèches,
  • remplacement du plastique par l’inox en cuisine,
  • réalisation et production de plateaux en porcelaine…

L’exemple du plateau en porcelaine

En 2018, la municipalité s’engage à remplacer les assiettes incassables en mélanine par des plateaux en porcelaine, matière inerte non porteuse de PE. Un choix de matériau qui s’est imposé comme une évidence pour la cité porcelainière. La Ville de Limoges fédère autour du projet de nombreux partenaires locaux aux savoir-faire multiples afin de penser, concevoir et déployer un concept inédit en France, devenu pour beaucoup le symbole de la lutte contre les PE auprès du jeune public.

Un cahier des charges très précis

  • Les cibles : enfants en bas âge (jusqu’à 48 mois)
  • Le poids : le plus léger possible
  • Les formes : avoir au minimum quatre compartiments, s’adapter à la morphologie des enfants de 1 an ½ à 4 ans et à la taille des tables, être composés de motifs et textures pour participer à l’esthétique générale du plateau
  • Les fonctions : ne pas glisser et être superposables, déterminer la taille des compartiments en fonction les quantités de nourriture prescrites, permettre un nettoyage au lave-vaisselle collectif
  • Une éthique locale : design et fabrication locaux et estampillés IG de Limoges

Les étudiants apprentis collaborent

Théa Dessagnes, étudiante en design du lycée Raymond-Loewy de La Souterraine, a créé le plan 3D du plateau. Son travail répond au double objectif d’avoir un support adapté au personnel des crèches et aux enfants. D’après ce modèle, les élèves de première année de la filière modelage du lycée du Mas Jambost à Limoges ont ensuite élaboré un premier usinage des moules interne et externe du plateau.

Un challenge technique

Durant un an, des ajustements se sont opérés pour obtenir un produit final irréprochable : allègement du plateau, travail de son ergonomie pour permettre l’acquisition des gestes justes des enfants et capter leur attention lors des repas, modification des dessins creux pour les mettre en relief afin de faciliter le nettoyage, relever les pattes sur les bords et avoir une meilleure tenue à la cuisson…

L’industrie locale mobilisée

La société Cerinnov, spécialiste local en porcelaine, a conçu par la suite la matrice finale qui a servi à la fabrication en série du plateau. À partir de la pâte à porcelaine fournie par l’entreprise Imerys Ceramics, ce fut au tour de la manufacture Porcelaines La Fabrique d’entrer en jeu pour l’usinage. Sous l’impulsion de Daniel Betoule, directeur de cette dernière, 500 plateaux repas ont été offerts et sont d’ores et déjà présents dans les crèches de la Ville de Limoges. D’autres commandes sont prévues prochainement pour élargir le dispositif à d’autres structures.

C’est un partenariat exemplaire entre des lycées, des entreprises et une collectivité. Une innovation porteuse de sens pour les professionnels engagés dans l’aventure et pour Limoges, élue ville créative de l’Unesco en 2017.

Où se procurer le plateau ? 

À l’office de tourisme intercommunal de Limoges : en vente sur place pendant les horaires d’ouverture au public 

Suivre l'aventure en vidéo avec la 7ALIMOGES

Une reconnaissance nationale

  • France 2 « Les crèches de Limoges (Haute-Vienne) ont décidé d'allier savoir-faire local et protection des plus jeunes » (voir le reportage)
  • France 3 « La porcelaine de Limoges séduit des crèches de toute la France. […] Paris, Marseille et Bordeaux s’apprêtent à passer commande » (voir l’extrait)
  • Le Nouvelliste « (le plateau) est maintenant demandé par de nombreuses villes comme Paris, Orléans ou Nantes qui vient d’en commander 700 ! »
  • France Inter « Un process sur mesure […] On parle ici d’une fabrication essentiellement locale » (écouter l’extrait)
  • Le Figaro magazine « De la porcelaine dans les crèches […] Une vaisselle dessinée par des étudiants et garantie sans perturbateurs endocriniens »
  • Le Parisien « Limoges, labellisé Santé Citoyenne, a décidé de bannir les perturbateurs endocriniens de ses crèches » (lire l’article)
  • Libération « les crèches municipales du chef-lieu de la Haute-Vienne se verront dotées d'assiettes garanties sans perturbateurs endocriniens » (lire l’article)
  • Ouest France « valeur pédagogique, débouchés économiques pour les entreprises locales et lutte contre les perturbateurs endocriniens sont eu cœur de cette démarche de santé prévention unique en son genre » (lire l’article)
  • France Bleu « Un bienfait pour la santé des enfants […] une aubaine pour toute la filière porcelaine » (lire l’article)
  • Le Populaire du centre « Quand la tradition répond aux défis contemporains » (lire l’article)
  • RMC  « Limoges déclare la guerre aux perturbateurs endocriniens »

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